Illustrations : Sauf indication contraire, les illustrations proviennent de la collection personnelle de l’auteur.
Elles ne peuvent être réutilisées sans accord
Maurice Denis fit un tableau de ces régates. Sa présence sur les cimaises du musée l’Oise fait que, visible par tous, cette fête nautique est passée à la postérité. C’est donc tout naturellement que nous avons choisi 1913 pour étudier les régates trégastelloises d’autrefois.
Maurice DENIS – Régates à Trégastel 1913 Musée de L’Oise
Service photographique de la RMN
Le titre retenu pour ce tableau est : « Trégastel, Colonie de vacances ».
Tableau publier ici avec l’aimable autorisation du Musée de l’Oise
Mais pourquoi organiser des régates ?
Dès les années 1880, Trégastel était devenue une station balnéaire. Pour distraire la population et les « baigneurs » venus en villégiature, chaque année, à partir de 1889, une fête nautique, ou plutôt une fête villageoise avec une animation maritime, était organisée.
C’était le point d’orgue de la saison.
Cette fête mêlait régates, activités à terre, animations et bal, …. Dès 1910, il y avait un feu d’artifice sur l’île Ronde. Ce schéma se perpétua jusqu’au début des années soixante.
« Site des Archives départementales des Côtes-d’Armor. Affiche des régates de Trégastel 1913.
Cote 4 M 94-14 (1913).
Mais comment se déroulaient ces fêtes ?
Le Programme (voir l’affiche)
Si en 1889, le programme était de simples régates avec de nombreuses catégories, au fil du temps, celui-ci s’étoffa de façon significative. L’on se retrouvait plus devant une fête villageoise qu’une régate proprement dite.
Les spectateurs avaient leurs occupations. Les régates n’étaient qu’une partie de la fête (même une course à pied y était organisée). Un feu d’artifice clôturait la journée. L’embrasement de l’île ronde n’était pas encore au rendez-vous.
Présence d’un bateau militaire
Jusque dans les années soixante, le jour des régates, il était fréquent de voir un bateau militaire agrémenter le Coz-Pors. Le public pouvait monter à son bord.
Vu la largeur de la passe, il s’agissait de bateau de petite taille type chasseur de mines.
C’est Monsieur Yves Guégan qui fit venir, pour la dernière fois, un bateau de la Royale. Mais, suite aux mauvaises conditions météorologiques, il dut rester à l’extérieur de la baie.
Bateau de la Marine Nationale, Régate 1913
Nota :
En juillet 1914, le maire demanda à la Marine de renouveler l’expérience de la venue d’un bateau. Inutile de dire, qu’avec la déclaration de guerre (1° août 1914 avec une mobilisation le 2 août), tout fut annulé.
La dotation des différentes animations
Pour obtenir une dotation digne de l’événement, le maire fit d’abord appel aux institutionnels qui lui confièrent quelques trophées (voir scan d’une médaille en vermeil offerte par le Ministère de la Marine en 1908). En réalité, pour que la population ne les oublie pas, tous se faisaient un point d’honneur de donner une médaille ou équivalent (Maire, Député, Sénateur, Œuvres de la Marine…). Ils assistaient à l’événement ou, en cas d’absence, se faisaient dignement représenter (voir en-tête du programme).
Localement, l’absence d’un tissu commercial faisait qu’il était difficile d’obtenir une dotation à la hauteur des espérances. Alors, pour contourner la difficulté, le Maire s’adressa aux « baigneurs » en leur demandant de fournir des lots. Et, chose incroyable, Ils répondirent présents et la dotation fut plus que convenable !
Collection Famille VEZIN
Médaille de Vermeil offerte en 1908, pour le vainqueur des régates de Trégastel, par le Ministère de la Marine
Pour confirmer ce propos, il suffit de lire le programme. On voit avec quel empressement et quelle générosité les habitués de la station participèrent à la dotation. L’on notera, en particulier, l’abondance des lots fournit par la Famille PITET (les coupes et lots pour la catégorie « Jeux de Boules » et des lots pour les régates. Madame PITET compléta ces dons en offrant une montre et un tablier pour la course des « jeunes filles »).
Mais pourquoi tant de générosité ?
La question que l’on peut se poser, c’est pourquoi une telle solidarité ? On vous dira c’était dans l’air du temps et c’est exact ! A cette époque, l’image des pêcheurs était une « image de peine et de misère », image principalement véhiculée par le livre de Pierre LOTI « Pêcheurs d’Islande » (1886) et dont la version populaire n’est autre que la chanson « la Paimpolaise » créée en 1895 (texte Théodore BOTREL, musique Eugène FEAUTRIER, chanteur Félix MAYOL). Et nous ne parlons pas, ici, des poèmes du malouin Yann NIBOR lus lors de soirées poétiques de la Comédie Française par la troupe du Français dont la grande Sarah BERNHARDT (poésie « les inquiètes »), Lucien Guitry (père de Sacha Guitry, avec « le vieil islandais »), …
Dès lors, l’heure est à la bienfaisance et, sous couvert d’une fête mondaine (car ces régates se terminaient par une « brillante réception » – voir article du Figaro), l’on apportait un peu de solidarité.
Pour en savoir plus sur ce « bout » d’histoire et découvrir quel public assistait à cet événement, consultez la deuxième partie de l’article !
Article rédigé par Antoine VEZIN
Remerciements
Archives Départementales 22, BNF, Musée de l’Oise